Image

newsletter






Image






méandres

27 rue du Pouly, 29690 Huelgoat


Tous droits réservés — et meutes

Built with Indexhibit

Image



Loup y es-tu ?
Hélène Duclos, Marguerite Duras, Arja Hyytiäinen, Brigitte Mouchel, Sandrine Rondard, Bertrand Secret
peinture, dessin, photographie, livre d'artiste, céramique, film

du 20 mai au 3 septembre 2023, de 14h à 18h30
mai / juin : les samedis, dimanches & jours fériés
juillet / août / septembre : tous les jours, sauf les mardis

vernissage vendredi 19 mai à 18h30


Une exposition à propos d’enfance.

Deleuze invitait à penser l’enfance comme une force, ou une intensité, à situer non pas du côté de la biographie mais du côté de la création — un état d’expérimentation du monde et du langage qui se poursuit tout au long de la vie.
Nous ne laissons pas l’enfance derrière nous : elle constitue en permanence l’une des lignes de nos devenirs. Le plus probable est donc que l’enfance n’a pas de fin. Les "âges" ne se succèdent pas, ils s’accumulent.
Défendre une immanence de l’enfance, c’est rappeler à notre présent d’adulte le "silence" de l’enfance : ce temps où l’on parle aux animaux, où rien n’est définitif ni tragique.

Dès qu’on évoque l’enfance, on est tenté d’idéaliser, en grandes envolées lyriques et métaphysiques : l’enfance serait toute d’émerveillements, d’enchantements et d’innocence, une préhistoire sauvage et authentique, un paradis perdu, un âge des commencements qui détiendrait la clé des origines, qui lèverait le voile sur le destin de l’homme.
Nous sommes pris dans le grand récit de la modernité dans lequel l’idée d’une enfance de l’humanité et de son dépassement joue un rôle central. Le biais évolutionniste nous englue dans l’idée que l’enfance est une étape sur "le chemin de la vie", dont la destination et le modèle de rapport au monde sont la connaissance objective et raisonnable de l’adulte.

Cette exposition propose plutôt de donner à voir et à entendre la manière dont le désir des enfants se déploie dans les mondes qu’ils ne cessent de parcourir. L’enfance, à la fois insouciante et inquiète, puissante et vulnérable, tourbillonne et ne cesse d’habiter l’inexprimé et l’inconnu. À travers les détours, les interruptions, l’anachronisme, l’étrangeté, les jeux — n’importe quel dispositif enfantin — elle met en crise le monde et la langue reçue par une réinvention subversive.

Nous ne protégeons pas les enfants du monde, c’est l’inverse, car le monde est trop vieux et maladif. « La préoccupation des enfants est de savoir comment raconter au mieux quelque chose pour que le monde tienne » (Vincent Delecroix, Leur enfance). Il nous faut les écouter. Les enfants sont aussi des témoins et des acteurs qui racontent, inscrivent, montrent, prennent part aux mémoires et récits des sociétés.

L’enfance avec ce qu’elle laisse de traces, de doutes, de questions, de force et de tristesses, de capacité d’émotions.

« L’enfance constamment vivante, c’est [...] une expérience de l’indemne, de l’intact, de l’émerveillement, de la déception, aussi. Une charge d’esprit qui procure de la joie et permet la créativité au quotidien. Cette enfance-là est classée "secret défense" car elle contrevient à la société de l’obscène, du cynisme, de la dérision. Il n’y a pas d’accès "autorisé". Pour entrer en contact avec elle, qui veille pourtant en chacun, il faut opérer une sorte de casse. S’y glisser en voleur de feu, rouvrir les sources. [...] Qu’est-ce qui fait la dangerosité de l’enfance ? Sa folie douce. Oui, le désordre, l’incohérence, le délire, le désir, mais aussi la perception immédiate du fiable et de l’équivoque, la capacité d’habiter l’instant, le pouvoir de recréation — de récréation — du langage. Le monde parle à l’enfance et elle parle au monde — et même aux fantômes. [...]
Il y a des artistes qui savent dire comme personne ce royaume de tumultes et de chuchotements. Et toute la solitude qui a son opéra en elle. »
Anne Dufourmantelle, L’art de l’enfance, Libération, 2016


télécharger le dossier de presse


les soirs, en écho à l’exposition :

vendredi 30 juin, 18hravissements
rencontre autour du film Les enfants, de Marguerite Duras, avec Virginie Podvin (spécialiste de l’œuvre de Marguerite Duras - Centre d’études des correspondances et journaux intimes, Université de Brest)

vendredi 21 juillet, 18h30tournoiements
lectures de textes contemporains par Sophie Hoarau (comédienne, dès lors)

vendredi 11 août, 18h30chambardements
lectures de textes contemporains par Sophie Hoarau (comédienne, dès lors) & Brigitte Mouchel (écrivain)


ateliers d'écriture et de création artistique : écrire au milieu des œuvres, composer les mots, les émotions et les gestes pour dire l'enfance.

dimanches 4 et 25 juin, de 9h30 à 12h30 — ateliers d'écriture animés par Brigitte Mouchel (écrivain)
La forme poétique est privilégiée, parce qu’elle permet de jouer avec la norme, les mots, le langage. La langue de chacun porte des phrases inimaginables, inventives, émouvantes, capables d’exprimer des singularités et de faire dialoguer des mondes.

samedi 17 juin, de 10h30 à 17h — atelier d’écriture poétique, collage et geste plastique : une journée animée par Brigitte Mouchel (écrivain) et Irvi (carnettiste et collagiste)
Se mettre à l’écoute des œuvres proposées, entrer en résonance avec elles, trouver son propre sentier et restituer au monde quelque chose de nos visions singulières…